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Histoire de Pentax : un âge d’or de l’argentique

PenSpot

Dans un précédent dossier, PentaxKlub vous a présenté l’évolution de la marque Pentax, de la fondation de la société à l’invention de la baïonnette K, en passant par la création du nom de la marque (Pentax).

S’ouvre alors pour la marque une période faste au cours de laquelle Pentax va devenir un des plus importants acteurs du monde de la photo. De très nombreux boîtiers seront mis sur le marché, chacun apportant son lot de nouveautés ou de perfectionnements.

 

La génération « K » de Pentax

En 1975, le chef de file de ces boîtiers est le K2 : un sommet, diront certains avec humour.

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Boîtier K2 (Photo Lazare Caspi)

 

Il offre deux modes d’exposition : le mode automatique avec priorité à l’ouverture de diaphragme (Av) et le mode semi-automatique. Dans son viseur, un système d’aiguilles oscillant sur l’échelle graduée des vitesses informe sur la bonne exposition. L’obturateur fonctionne de 8s à 1/1000ème de s. ou, en fonctionnement mécanique, en pose B et au 1/125ème.

En 1976 sortira le K2-DMD (= dos Data MD) avec système de motorisation. Le viseur comporte, en plus, les ouvertures et une éventuelle correction d’exposition volontaire. Lorsque la charge des batteries devient insuffisante, on peut continuer de photographier entre le 125ème de s. et le 1000ème de s.

Un défaut cependant : le réglage de la sensibilité (à l’époque ASA) s’avère peu pratique : c’est une bague métallique montée avec la baïonnette.

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Bague de réglage de la sensibilité (Photo Lazare Caspi)

 

Les autres K

Suivront le KX, qui remédiera à ce problème de réglage de sensibilité, et le KM. Ces deux boîtiers ne doivent pas être confondus avec leurs (presque) homonymes numériques le K-x et le K-m.

Bien entendu, ces boîtiers possédaient ce que tout le monde exigeait : un testeur de profondeur de champ, placé au-dessus du retardateur.

C’est aussi durant cette période qu’est mis sur le marché le K1000, boîtier mythique, lui aussi, idéal, par sa simplicité, son côté économique et sa solidité, pour l’initiation à la photographie. On devrait d’ailleurs dire : les « K1000 » car il y eut trois versions :

  • la première (1975-1978) avait une calotte métallique et était produite au Japon ;
  • ensuite, produite jusqu’en 1990, viendra une deuxième version, toujours métallique mais produite à Hong-Kong ;
  • et enfin une troisième version, avec capot en matière plastique, produite en Chine jusqu’en 1997.

 

La génération « M »

La période 1976 – 1987 voit la naissance de la série « M » des Pentax : ME, MX, MV, MV1, ME Super, MG.

Le ME voit l’arrivée de l’électronique dans les boîtiers : le barillet des vitesses est remplacé par un mode automatique qui ne permet plus de choisir la vitesse d’obturation : des diodes clignotent dans le viseur pour indiquer la bonne exposition en face de l’échelle des vitesses.

Le ME Super, version améliorée du ME (ajout d’une position « M » sur le barillet de commande – mode semi-automatique-) sera adopté par Willy Ronis qui n’utilisera plus que lui avec seulement deux objectifs (zooms 28-50mm et 75-150mm).

Les MV, MG et MV1 seront des versions simplifiées destinées au grand public qui souhaite avant tout n’avoir qu’à déclencher !

Une exception de taille (ou de poids), cependant, en 1981 : la sortie du MEF, sorte de ME Super avec un seul objectif dédié autofocus (SMC AF .35-70 f :2.8) .

Boîtier MEF avec objectif 35-70 autofocus (Photo Lazare Caspi)

 

 

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Boîtier MEF vu en coupe (Photo Lazare Caspi)

Le système AF est à détection de contraste, comme aujourd’hui, mais était loin d’avoir la même précision ! L’objectif (relativement lourd, 580g) était alimenté par 4 piles AAA. Sa monture KF avec 5 contacts n’a rien de commun avec les montures ultérieures : de ce fait, ce zoom est inutilisable sur les boîtiers à monture KAF actuels. Sa fabrication sera arrêtée en 1984 : la concurrence est très forte et l’appareil est cher. Un coup d’arrêt pour Pentax qui ne produira qu’en 1987 un boîtier véritablement autofocus, le SFX.

 

Un reflex « à part »

L’année 1978 voit apparaître sur le marché un minuscule reflex : l’Auto-110.

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Pentax Auto-110 (Photo : PentaxForums)

 

Cet appareil, dont le poids et la taille (159 g, L x H x P : 99 x 56 x 32mm ) sont inférieurs à ceux d’un Pentax Q-S1 actuel (203 g, L x H x P : 105 x 58 x 34mm ) utilisait une cassette, dite de format 110, inventée par Kodak en 1972.

Les images sur le négatif étaient de format 13 x 17mm (H x L), comparable au format 4/3 actuel. La visée reflex s’effectuait grâce à un stigmomètre à champ coupé (grossissement 0,75x) et couvrait environ 87% du champ. L’appareil était doté d’une cellule à mesure TTL à prépondérance centrale. La vitesse d’obturation pouvait varier de 1s à 1/750ème de s (synchro au flash : 1/30ème). Bien entendu, la gamme d’objectifs était spécifique et comportait un 50mm, un 18mm, un 24mm, un 70mm et un zoom 20-40mm. L’ouverture maximale de tous ces objectifs était de 2.8. Divers accessoires existaient aussi : filtres, bonnettes, winder. Pour nos lecteurs qui possèderaient encore de tels objectifs : il semblerait qu’on puisse les monter, au moyen d’un adaptateur, sur les Pentax Q d’aujourd’hui (non vérifié).

Une version « Super », améliorant sur certains points la version initiale, mais avec une vitesse d’obturation maximale de  1/400ème de s. seulement, sortit en 1982 ; mais, le format 110 n’ayant pas véritablement conquis le marché, Pentax cessa de produire ces Auto-110 en 1985.

Le Pentax LX

En 1980 apparaît LE boitier professionnel de Pentax, le LX : il mérite, à lui seul, un dossier complet. C’est pourquoi, ici, nous nous limiterons à quelques caractéristiques essentielles.

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Boitier LX Noir (Photo Lazare Caspi)

 

1980, c’est grosso modo, les 60 ans de photographie de Pentax. Et 60, en chiffres romains, c’est bien sûr LX ! Tout le savoir-faire de Pentax se retrouve dans ce boîtier, aussi bien en termes de fiabilité que d’ergonomie, de précision et de système d’accessoires. Des joints d’étanchéité sont déjà présents, l’obturateur peut fonctionner sans pile et on y trouve bien d’autres perfectionnements dont se délecteront de nombreux photographes professionnels. Parmi eux, le moindre n’est sans doute pas le viseur interchangeable (8 modèles différents) ni les 12 dépolis de visée optionnels !

Un système de chargement permet d’utiliser des cartouches de films de 250 vues !

En 1981, Pentax fête le dix millionième reflex 35mm vendu. L’occasion est belle pour sortir un LX Gold (or et cuir) doté d’un objectif SMC K 50mm ouvrant à 1.2 !

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Pentax LX Gold (Photo Lazare Caspi)

 

 

Pour le 75ème anniversaire de Pentax, en 1994, la marque mettra sur le seul marché japonais, 1000 exemplaires du LX Titanium. En 1996, toujours pour le marché japonais, 300 pièces seront construites du LX Limited, en titane noir. Enfin, le LX2000, en 2000, marquera la fin du XXème siècle : Pentax en produira 1000 exemplaires (avec 50mm f1.2), toujours réservés au marché japonais.

Le seul point faible de ce boîtier concerne le graissage et les mousses du système de relevage du miroir qui vieillissent mal.

 

La génération « A »

La période 1983-1988 est celle des Pentax Super A, Program A et A3.

Le Super A marque l’introduction de la baïonnette KA avec 6 contacts électriques : la gestion du diaphragme devient automatique ; toutefois, si les anciens objectifs restent compatibles, Pentax va développer une nouvelle gamme d’objectifs. Dans le même temps apparaît, sur le dessus du boîtier, un petit écran LCD et, dans le viseur, des informations à cristaux liquides.

Le Super A présente alors 6 modes d’exposition : Programme, Priorité Av (ouverture), Priorité Tv (vitesse), semi-automatique, TTL automatique au flash, et auto synchro flash en mode Programme. Le chargement du film s’effectue par « aiguilles magiques » (apparues sur le ME). La plage de vitesse va de 5s à 1/2000ème de s et la vitesse de synchro flash est de 1/125ème.

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Boitier Super A (Photo Lazare Caspi)

 

Le PROGRAM A (Program Plus aux Etats-Unis), apparu en 1984, a un obturateur au 1/1000ème de s. seulement et perd le mode Tv et l’écran LCD. On le reconnait facilement grâce à un filet de couleur rouge autour de la molette du déclencheur.

Cette génération se conclut en 1985 avec le Pentax A3 (A 3000 aux Etats-Unis) qui, pour la première fois chez Pentax, offre un moteur incorporé (il s’agissait auparavant d’un winder externe optionnel). Le rembobinage reste toutefois manuel. Cet appareil perd le mode semi-automatique et la synchro flash est limitée à 1/60ème de s. Son obturateur ne « monte » que jusqu’au 1/1000ème de s. On peut dire que c’est une version bridée destinée au grand public.

 

 La génération « P »

La génération qui suit est la « P » : P30, P50, P30n, P30t.

Le P30, sorti en 1985, semble quasiment identique à la série A. mais le correcteur d’exposition est remplacé par un bouton de mémorisation de l’exposition, à gauche de la baïonnette. Autre nouveauté : il embarque le « codage DX », c’est-à-dire que le boîtier reconnaît automatiquement la sensibilité des films et adapte donc le posemètre en fonction de la valeur fournie par ce codage. Par ailleurs, pour le chargement, les « aiguilles magiques » laissent la place à un nouveau système de guides à ressort. Le capot, en matière plastique », ne fait pas très qualitatif. Il perd la TTL au flash.

Le P30 sera « relooké » 2 fois : par le P30n en 1988 et par le P30t (comme titanium) en 1990. Ces deux modèles n’apporteront rien d’essentiel.

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Boitier P30 (Photo Lazare Caspi)

 

Le P50

Le P50, son grand frère, naît en 1986 : eh oui, en photographie, les grands frères sont bien souvent plus jeunes ! Lui non plus n’a pas de TTL au flash. L’écran de contrôle LCD réapparait, 2 modes « programme » sont au menu, en plus des modes Av et semi-auto :

  • le programme « Action » (hautes vitesses),
  • le programme « Depth » (profondeur de champ) ;

Le correcteur d’exposition porte maintenant sur 3 IL. Toutes les autres fonctionnalités sont bien là : codage DX, mémorisation de l’exposition, entrainement guidé du film. Il ne manquerait donc que l’autofocus « grand public » qui arrivera en 1987 avec le SFX (SF1 aux Etats-Unis), sonnant la mort du P50 !

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Boitier P50 vu de dessus (Photo Lazare Caspi)

 

Le SFX et ses dérivés

Deux ans après ses concurrents, Pentax réagit donc et arrive sur la marche de l’autofocus grand public.

Le changement esthétique saute aux yeux : le SFX est un boîtier massif, imposant par la taille et par le poids (665g sans piles !). Il est muni d’une énorme poignée de préhension (qui renferme la pile 6v au lithium). Il est carrossé en « plastique » gris foncé, on ne dit pas encore polycarbonate. Beaucoup s’accordent à le trouver moche.

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Boitier SFX (Photo Lazare Caspi)

 

La griffe porte-flash descend sur le côté droit du boîtier et laisse place à un flash intégré, placé sur le prisme. L’écran de contrôle LCD s’est largement étendu et comporte toutes les informations dont le photographe pourrait avoir besoin. Les fonctionnalités du SFX sont nombreuses et constituent la quintessence du savoir-faire de Pentax : modes P divers (Action, Depth, Télé, normal, grand angle, Tv, Av et M), AF ponctuel ou continu, rembobinage automatique, codage DX, etc etc.. Toute la panoplie des « nouveautés » de ses prédécesseurs… sauf le testeur de profondeur de champ !!

Il est « rajeuni » en 1988 avec le SFXn (nouveau flash anti-yeux rouges, cellule compensant les contre-jours) et le SF7, version allégée avec un seul mode Program et des informations plus réduites dans le viseur. Par ailleurs, le SF7 reçoit une roue codeuse qui remplace les boutons poussoirs, l’écran affiche désormais des pictogrammes. En revanche, il perd l’AF continu.

C’est au cours de cette même période que sont commercialisés les objectifs SMC F à monture KAF, dont certains sous l’appellation Takumar, parfois sans traitement SMC. Parmi eux, un zoom au range peu commun, le 17-28mm fish-eye. Leur caractéristique « esthétique » est un revêtement de couleur grise.

Pour ceux qui en ont les moyens, des objectifs « Star » : F*300mm f :4.5 ED, F*600mm f :4 ED IF, F*250-600mm f :5.6 ED IF.

 

La génération « Z »

Poussée par la concurrence, la génération SF laisse la place, en 1991, à la génération Z.

Le premier d’entre eux, le Z10, fait son apparition en octobre 1991. Son look change du tout au tout par rapport à la génération précédente, le boîtier a des formes plus fluides et il est allégé de 170g. La cellule d’exposition passe à 6 segments et parvient à déjouer les contre-jours. La précision au flash est renforcée.

Apparaissent dans le même temps les « Power Zooms » en monture KAF2. Le zooming étant motorisé, ils sont supposés permettre de suivre un sujet en déplacement et de mémoriser un cadrage donné.

Le Z1

En 1991 sort également le Z1, boîtier phare de la gamme, pourvu d’un obturateur au 1/8000ème de s. Clairement, c’est un boîtier semi-professionnel. La vitesse de synchro flash est de 1/250ème de s. A cette époque, on ne fait pas mieux ! Ses perfectionnements sont très nombreux, si nombreux qu’ils mériteraient un dossier complet ! C’est, par exemple, l’apparition d’une deuxième roue codeuse (avant et arrière pour contrôler vitesse et diaphragme) : ce principe reste de mise sur les actuels Pentax numériques. C’est aussi 18 fonctions personnalisables. Une autre de ses caractéristiques est la robustesse et une fiabilité exceptionnelle. Plusieurs sources indiquent un taux de retour en SAV proche de zéro.  Un de ses seuls défauts est son alimentation: une pile 2CR5  dont le prix (en francs) à l’époque est l’équivalent de 15€.

Ce boîtier est l’un des meilleurs produits par Pentax. Le Z1p (panoramique) lui succèdera en septembre 1994 et sera commercialisé jusqu’en 2000.

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Boîtier Z-1 avec power zoom AF 28-80 et flash AF 330 FTZ (Photo Lazare Caspi)
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Boîtier Z-1 vu de dos (Photo Lazare caspi)

 

Le Z1SE

Une édition spéciale très rare, le Z1se, a aussi été commercialisée en 1994 pour le 75ème anniversaire de Pentax. De couleur « silver », elle était vendue avec le magnifique SMC FA* 28-80 f :2.8

L’arrivée en 1993 des concurrents Canon (Eos 500) et Minolta (5 Xi) contraint Pentax à présenter le Z20, doté d’une roue codeuse et d’un grand écran LCD. Grande nouveauté pour l’occasion : il propose des modes-résultats, qui vont être proposés pendant 15 ans jusqu’en 2008 : mode tout auto, mode portrait, mode action, mode paysage, mode macro, et les modes Av, Tv et semi-auto traditionnels. L’écran affiche toutes les informations nécessaires.

Le Z50p lui succède en 1994, « p » pour « panoramique, nouveauté de cet appareil, qui sera lui-même remplacé en mai 1995 par le Z70, qui garde la fonction panorama mais retrouve une cellule à 2 segments seulement.

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Boîtier Z-70 (Photo Lazare Caspi)

 

Le Z70 sera largement concurrencé par la nouvelle génération de Pentax, sortie elle aussi en 1995, la génération MZ , aux boîtiers bien plus compacts.

 

La génération « MZ »

En 2001 est présenté un reflex expert, le MZ-6 (baptisé ZX-L aux Etats-Unis) ; il comporte tout ce que Pentax a inventé en termes d’innovations pour la photo.

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Boitier MZ-6 (ZX-L aux USA) de face, de dos, d’après une photo de Lazare Caspi

 

Il est compact et bien plus léger (grâce à des matériaux tout plastique) que ses rivaux. Il comprend, en particulier :

  • un obturateur de 30s à 1/4000ème
  • la motorisation à 2 images par seconde
  • le codage DX débrayable
  • l’AF central ou à plage large (3 collimateurs)
  • le testeur de profondeur de champ
  • le correcteur d’exposition sur 3IL par ½ valeur
  • le flash TTL et P-TTL (synchro au 1/125ème)
  • un dos dateur optionnel
  • 11 fonctions personnalisables
Le Pentax MZ-S

Dans cette « série M », le reflex à vocation professionnelle est le MZ-S qui, lui aussi, mériterait tout un dossier. C’est le dernier grand reflex argentique de Pentax. Sa construction en magnésium et l’efficacité de son système de mise au point automatique en font un boitier qui, aujourd’hui encore, avec ses autres caractéristiques de haut niveau, peut intéresser les photographes qui s’adonnent toujours à la photo argentique.

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Le MZ-S avec grip, vu de face

 

MZ-S
Le MZ-S avec grip, vu de dos

Ces deux boîtiers, MZ-6 et MZ-S,  coexisteront jusqu’en 2004.

Entre temps, d’autres nouveautés ont vu le jour, notamment, en 1997, le premier reflex moyen format autofocus de Pentax, le 645N, et le tout premier appareil numérique commercialisé de la marque, le EI-C90, dont la forme n’a rien à voir avec les appareils d’aujourd’hui.

 

(A suivre : L’histoire de Pentax, troisième partie)

 

Ce dossier a été réalisé grâce, notamment, aux archives aimablement fournies par Lazare Caspi et avec son autorisation. Nous l’en remercions ici très chaleureusement ! Les photos ne sont pas libres de droits.