Pentax s’est attaqué aux hauts ISO avec les derniers K-1 et K-70. Si le second, bientôt en test, propose désormais la valeur de 102 400 ISO, le premier Full Frame de Pentax, le K-1, voit sa limite maximale reculer à 204 800. Pour les anciens de l’argentique, ces valeurs apparaissent assez incroyables.
La question est donc de savoir si ces valeurs sont purement commerciales ou bien si elles reflètent une réalité exploitable. En clair, les photos faites à des ISO supérieures à 6 400 sont-elles utilisables ?
Pour avoir une idée plus réelle de ce que produisent les boîtiers, nous avons décidé de tester ces 2 reflex. Certes, le K-1 avait déjà eu droit à un test fin mai, mais « seulement » poussé à l’ISO 51 200. Ce qui est déjà très haut. Ce test sera un peu différent puisque des clichés vont être pris jusqu’aux valeurs limites. Et, surtout, nous allons comparer les images produites par les 2 boîtiers.
D’un côté, nous aurons donc le K-70 avec un capteur APS-C 24mpx, similaire à celui du K-3 dont il est la version « grand public ». En théorie, il devrait être moins performant. Néanmoins, sur le papier, il semble prometteur avec une puce supplémentaire (nommée simplement « circuit accélérateur »), dédiée à la gestion de l’image et à la suppression du bruit électronique.
De l’autre, le K-1 doté d’un capteur FF 36mpx, un boîtier version pro. Il est doté d’un processeur dopé, le PRIME IV. Et sans doute, d’une puce complémentaire, elle aussi accélératrice (n’ayant pas démonté de K-1, cela reste une supposition).
Protocole de test
- Objectif : FA 31mm
- Boîtiers montés sur pied
- Mode Manuel
- Ouverture à f/5.6 pour toutes les photos
- ISO de 100 à 102 400 pour le K-70 et de 100 à 204 800 pour le K-1
- Mode Manuel avec changement de vitesse
- Les photos comparatives sont sans retouche, brut de capteur
- Environ 10 minutes séparent les clichés du K-1 et ceux du K-70
Dans un second temps, des photos ont été développées pour chacun des boîtiers, en utilisation la fonction de réduction de bruit d’Adobe Lr. L’une à 12 800 ISO et une autre à la valeur maximale. Les photos à 12 800 ISO ont été imprimées au format A3. Les photos à la valeur maximale ont, quant à elles, été imprimées au format 10×15.
Le résultat final a donc été apprécié sur écran et sur papier.
K-1 et K-70, de 100 à 6 400 ISO
De 100 à 6 400 : série prise de jour par temps gris. Ce choix volontaire permet de mieux se rendre compte de la façon dont les capteurs et la gestion se comportent.
K-1 et K-70, de 6 400 à 102 400 / 204 800 ISO
De 6 400 à 102 400 (K-70) et 204 800 (K-1) : série prise de nuit par temps clair. Ce choix permet d’avoir des noirs intéressants où l’on pourra juger de la montée du bruit électronique.
K-1 vs K-70
Si on compare attentivement les clichés à 12 800 ISO, le K-1 s’en sort mieux avec une image plus définie. Cela se confirme en agrandissant sur une partie de l’image. Les détails sont plus présents, moins bruités.


En effectuant la même comparaison à la valeur maximale proposée par le K-70, encore une fois, le K-1 est meilleur. On arrive encore à percevoir le toit et surtout, les moulures blanches. Est-ce un avantage dû capteur ou à l’électronique embarquée mieux maîtrisée ? Sans doute les deux, car si l’électronique de K-1 semble nettement plus performante que celle du K-70, le capteur du premier, plus grand, apporte aussi sa touche.


Et par rapport aux K-3 et K-3II ? Il est fort probable que le capteur du K-70 soit celui des deux reflex cités. Ou, au pire, fortement similaire. Par contre, si le K-70 permet d’atteindre les 102400, le K-3 et son frère se contentent « que » de 51200. De prime abord, le K-3 semble un peu en dessous du K-3II, lequel fait jeu presque jeu égal avec le K-70. Cette différence est sans doute due à l’électronique qui gère le capteur (une puce supplémentaire pour gérer le bruit est présente sur le K-70).

K-1 et K-70, impressions à 12 800 et à valeur maximale
Pour ce test, un développement a été effectué avec une correction apportée tout particulièrement sur le bruit. Cette correction a été faite avec l’outil de Lr. Les impressions ont été faites au format A3 (12 800), A4 (20 000, 36 000 et 51 200) et 10×15 pour les valeurs maximales. C’est la même correction qui a été apportée sur les clichés (K-1 et K-70).


Après impression, il apparaît que l’on peut envisager d’utiliser les 12800 pour des tirages papier au format A4, voire A3. Les formats supérieurs sont à déconseiller. Une impression a également été testée pour les valeurs d’ISO à 20 000, 36 000 et 51 200 au format A4. Le K-70 se défend jusqu’à 20 000 ISO qui est sa limite. Au-delà, cela devient fortement disgracieux et les artefacts sont présents de manière continuelle, même après traitement. Le K-1 reste performant jusqu’à 51 200, avant de s’effondrer de manière progressive.
Aux valeurs maximales, les impressions au format 10×15 sont amusantes, surprenantes même quand aux résultats obtenus. Même si, qualitativement elles sont sans grand intérêt, la photo papier peut largement être montrée.
![]() | ![]() | ![]() |
Conclusion
Entre 6 400 et 12 800 ISO, la montée du bruit s’effectue de manière progressive. Un traitement avec un logiciel approprié permettra de récupérer l’image. Moyennant un lissage qui pourra s’avérer peu destructeur, selon votre légèreté à trouver le compromis.
12 800 ISO, semble être un palier pour ces deux boîtiers. Au-delà, les choses se compliquent, même si les photos prises à 20 000 (K-70) ou 51 200 (K-1) restent étonnamment exploitables. Le bruit est présent, mais l’électronique des boîtiers arrive à contenir les artefacts. Et c’est encore mieux après traitement. Il faudra tester ces mêmes images avec le procédé DxO Prime, en théorie plus performant, quand ce sera possible.
Au-delà des valeurs indiquées ci-dessus, le grain numérique se répand partout, n’épargnant aucune zone. Le K-1 se montre meilleur que le K-70. Sa montée et sa tenue sont supérieures, le bruit apparaissant plus progressivement, avec un rendu plus proche du grain argentique (moins de dominante rouge). A contrario, cette dominante rouge apparaît plus tôt sur le K-70. Le K-1 est donc plus apte à maîtriser le bruit et donc les hauts ISO.
Aussi bien à l’affichage écran qu’à l’impression papier, le K-1 sort vainqueur. Mais là n’est pas le vrai enseignement. Les hautes valeurs restent anecdotiques (qui va les utiliser ?). Afficher des valeurs aussi énormes reste un argument commercial important, surtout si la concurrence offre des valeurs plus basses. Mais cet affichage indique surtout que des valeurs autrefois peu accessibles le sont désormais. Pentax a beaucoup travaillé sur la gestion du bruit électronique depuis le K10D, et cela se voit. 12800 ISO est donc une limite que ces boîtiers parviennent à dépasser. Cela veut aussi dire que prendre des photos dans des conditions de basse lumière, sans flash, est à la portée de tous.