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Le zone-focusing

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Le monde de la photo regorge de termes en langue anglaise qui ne trouvent pas toujours leur équivalent en français. Le zone-focusing est de ceux-là. Bien sûr, on pourrait trouver une traduction, comme par exemple « mise au point par zone » mais ce serait sans doute moins « international ». La traduction la plus précise est sans doute : « plage de netteté ».

Qu’est-ce que le zone-focusing ? Comment s’en servir ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer dans cet article.

 

Nota : Toutes les images de cet article ont été prises avec une mise au point manuelle prédéterminée, sans retouche du point avant déclenchement. Une appréciation parfois approximative de la distance du sujet principal explique que dans certains cas la MAP manque un peu de précision.

 

 

 

Principes du zone-focusing

Cette technique consiste à faire la mise au point, avant de cadrer et de viser. Sans doute allez-vous penser que ce n’est pas une façon logique et habituelle de photographier ? Vous avez raison… et tort à la fois ! Raison, parce qu’une mise au point correcte évite les photos où l’on cherche vainement un point net. Tort, parce que dans une photo, tout n’est pas forcément net et ce qui doit l’être (sauf exception) c’est le sujet lui-même.

En fait, c’est relativement simple : il suffit d’évaluer avec une bonne précision la distance à laquelle se situe le sujet principal de l’image que l’on veut obtenir. La distance estimée ne nécessite pas une précision ultime. C’est parfois difficile. Mais il existe, pour ceux qui en ont les moyens, des appareils qui permettent de mesurer avec une extrême précision une distance donnée : ce sont les télémètres laser. Un comparatif, parmi, d’autres, sur ce site.

Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Par exemple le principe de l’hyperfocale ?

Toutefois, le zone-focusing se distingue de l’hyperfocale par le fait qu’on ne cherchera pas à obtenir une netteté jusqu’à l’infini. Au contraire, on cherche seulement à être net sur une zone utile dont la profondeur est variable mais qui ne dépasse pas quelques mètres. C’est très important, surtout si l’on veut que le sujet principal se détache du fond.

 

 

 

Comment procéder ?

Tout d’abord, comme en toute chose, on n’obtient les meilleurs résultats qu’avec un certain entraînement. Au début, il est conseillé de s’entraîner avec des sujets fixes, par exemple un objet, un monument de petite taille. Il en existe des foules et vous n’aurez que l’embarras du choix. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue les principes de la photo : trouver le meilleur angle possible, savoir composer avec la lumière… et avec le sujet lui-même ! Cela vous permettra d’apprécier les distances avec plus de précision.

 

Mise au point à la distance minimale de MAP de l'objectif. Le verre était réellement situé à 50cm environ du plan du capteur.
Mise au point à la distance minimale de MAP de l’objectif. Le verre était réellement situé à 50cm environ du plan du capteur.

Dans l’image ci-dessus, prise à faible distance et à f:2.8, on constate que tout est flou en avant et en arrière du sujet.

 

Lorsqu’une certaine expérience aura été acquise, alors il sera temps de passer aux sujets mobiles.

Si les mouvements de ce sujet sont prévisibles, il faudra en tenir compte pour peaufiner les réglages du boîtier et de l’objectif utilisé. Avec les objectifs qui en sont pourvus (c’est de plus en plus rare, malheureusement !), il est évidemment conseillé d’utiliser l’échelle de profondeur de champ.

MAP effectuée sur le milieu du passage piéton. On a ensuite déclenché au passage d'un personnage.
MAP effectuée sur le milieu du passage piéton. On a ensuite déclenché au passage d’un personnage.

 

 

 

Les avantages du zone-focusing

On le comprend rapidement : l’intérêt de cette technique est de gagner un maximum de temps. Si l’on est dégagé de l’obligation de peaufiner la mise au point, on peut à loisir se concentrer sur la composition et le cadrage. « À loisir » n’est pas à prendre au pied de la lettre : il est évident qu’on ne doit pas perdre trop de temps non plus à composer. Faute de quoi, certains sujets ne seront plus dans le champ ! C’est aussi une question d’expérience. Le débutant prend son temps, car s’il néglige les fondamentaux, il ratera sa photo. Le photographe plus expérimenté saura d’instinct (ou presque !) comment cadrer et composer sans y passer plusieurs secondes.

Toujours dans le but de gagner du temps, désactivez, si vous le pouvez, l’affichage des réglages sur l’écran arrière (en live-view) ou dans le viseur qui risquent de distraire votre regard.

 

 

 

Quels domaines pour le zone-focusing ?

Les domaines préférentiels de cette façon d’opérer viennent rapidement à l’esprit. Ce sont principalement la photo de rue et le reportage. On peut aussi l’utiliser pour photographier certains sports. Mais bien sûr, il faut être prêt ! L’objectif de la technique étant de gagner du temps, l’appareil doit, bien sûr, être allumé, réglé et prêt à opérer (attention au laps de temps de « réveil »). Et vous aussi, vous devez être prêt ! Mais vous comprendrez aisément que la mise au point n’est pas obligatoirement du même degré de précision qu’en macro, par exemple, domaine où elle est évidemment primordiale. Et pourtant, en macro aussi, préparer ses réglages est une nécessité.

Dans le tableau ci-dessous, le photographe a estimé la distance de MAP et a opéré en manuel :

MAP sur l'avant planMAP sur plan intermédiaireMAP sur l'arrière-plan
MAP estimée sur les vélos de l'avant plan (Photo Valia)
MAP estimée sur les vélos de l'avant plan (Photo Valia)
MAP estimée sur les bicyclettes du plan intermédiaire (Photo Valia)
MAP estimée sur les bicyclettes du plan intermédiaire (Photo Valia)
MAP estimée sur l'utilitaire à l'arrière-plan (Photo Valia)
MAP estimée sur l'utilitaire à l'arrière-plan (Photo Valia)

 

 

 

Quel matériel utiliser pour le zone-focusing ?

Il découle forcément du domaine photographique. On comprend tout de suite qu’il est préférable d’utiliser un grand-angle (voire un ultra grand-angle) plutôt qu’un long téléobjectif.

Les courtes focales offrent une profondeur de champ suffisante, aux focales intermédiaires (f5.6 / 8), pour utiliser le zone-focusing. Selon votre boîtier (APS-C ou FF) la focale sera « différente ». Plus exactement, la longueur focale de l’objectif sera identique mais le champ photographié sera, lui, différent : moins large en APS-C qu’en FF. Nous vous renvoyons pour cela aux différents articles que nous avons publiés sur le sujet. En pratique, en format 24×36, 35mm sera un maximum, 28mm la focale la plus adéquate. En focale inférieure, la mise au point n’a plus beaucoup d’importance, tout, ou presque étant net.

Par ailleurs, il est quasi-impératif de passer en mise au point manuelle, sous peine de voir le système AF faire la mise au point hors du sujet visé. Il est aussi nécessaire d’utiliser le mode de priorité à l’ouverture, qui permet le choix du diaphragme offrant la profondeur de champ souhaitée.

 

 

 

Les réglages

Même si, dans les conditions exposées, la profondeur de champ est suffisante pour le sujet photographié, il faut veiller à utiliser une vitesse suffisante pour éviter le flou de bougé. Par conséquent, il faudra choisir une sensibilité permettant cette vitesse en fonction de l’ouverture choisie et de la luminosité ambiante. Veillez cependant à ce que la sensibilité ne dépasse pas le maximum acceptable pour votre boîtier.

Autre point à considérer : en fonction de la luminosité, il est parfois nécessaire de programmer une sur ou sous-exposition sur le boîtier. Bien sûr, il faut y penser AVANT d’avoir à shooter. Sinon, il sera bien souvent trop tard.

Et, dans les cas de forte luminosité, n’hésitez pas à choisir de très petites ouvertures f:11 ou f:16 par exemple. Dans le domaine de la photo de rue ou de reportage, l’essentiel ne se trouve pas dans le piqué de l’image ni dans les effets de la diffraction.

À PentaxKlub, nous ne sommes pas des adeptes forcenés de la prise de vue en rafale. Mais, dans ce cas, de courtes rafales (3 à 5 images maximum) peuvent vous permettre, par exemple, de saisir l’expression particulière d’un visage. À utiliser par conséquent, mais avec parcimonie… et à bon escient !

 

Un palliatif à l’incertitude des réglages consiste, si la situation le permet (c’est-à-dire si la situation à photographier n’est pas d’une durée trop courte), à faire une photo d’essai avec les réglages supposés et à les ajuster ensuite en fonction du résultat obtenu. Le pragmatisme a parfois du bon !

 

 

 

Quelques conseils

Vous avez compris qu’il faut aller vite. Vous devez donc mettre pour cela toutes les chances de votre côté. Ceci implique, en particulier, de bien connaître son matériel (et particulièrement les objectifs) et de savoir le régler en fonction des circonstances. Seule une pratique régulière vous mènera à ce degré « d’expertise ».

Si vous êtes l’heureux possesseur d’un smartphone, sachez qu’il existe de très nombreuses applications (souvent gratuites) qui vous permettent de calculer la profondeur de champ en fonction du matériel utilisé et des conditions de prise de vue. N’hésitez pas à vous en servir : sur le terrain, il est parfois difficile d’accéder aux sites qui offrent les mêmes fonctionnalités.

Sinon, vous pouvez aussi avoir dans votre poche une fiche dans laquelle seront indiqués ces paramètres, que vous aurez au préalable vérifiés. Un mémo dans votre téléphone rendra les mêmes services. Avec un peu d’expérience, vous n’aurez plus à vous en servir. Et surtout, répétons un dernier conseil issu du slogan des scouts : soyez toujours prêt !

 

 

 

En guise de conclusion

M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, nous a dit Molière. Aujourd’hui, il arrive aussi que le photographe fasse du zone-focusing sans le savoir. C’est notamment le cas quand on opère en « tout manuel », et à l’instinct s’agissant de la distance du sujet photographié. Cette technique est surtout utile quand on utilise des objectifs dépourvus d’autofocus, notamment, chez Pentax, les anciens « M » et « K ». Les « modernes » n’en auront cure, ils n’ont que des objectifs AF. Les anciens, eux, savent comment gagner un peu de temps de MAP avec leurs « vieux » objectifs.

 

 

Galerie

Crédit photo : ©Micaz et ©Valia – Cliquez sur les images pour les agrandir.

 

Mise au point effectuée par estimation de la distance du bras du personnage de droite.
Mise au point effectuée par estimation de la distance du bras du personnage de droite.

 

Distance de MAP estimée sur le panneau des "menus"
Distance de MAP estimée sur le panneau des « menus »

 

MAP estimée sur le support crénelé du panneau publicitaire à l'extérieur. (Image : Valia)
MAP estimée sur le support crénelé du panneau publicitaire à l’extérieur. (Image : Valia)