Nous avons abordé les trépieds dans un précédent article. Voici son complément naturel, sur les rotules.
Un pied sans rotule est certes utilisable, mais tellement malcommode. La rotule est la tête du trépied. Elle est aussi importante que le pied. Car elle permet le cadrage précis, horizontal, vertical, objectif d’aplomb ou bien plongée ou contre-plongée, ou bien le panoramique, mais aussi la photomacrographie, la reproduction…
Il existe deux grands types de rotules: la rotule ball, compacte et simple de manipulation et la rotule 3D (3 dimensions) souvent reconnaissable à ses 2 poignées qui dépassent de chaque côté. Il en existe d’autres types, plus spécialisées, qui pourront éventuellement faire l’objet d’articles ultérieurs: la rotule fluide pour la vidéo, les rotules panoramiques coulissantes, assurant une rotation horizontale autour de l’axe optique de l’appareil et les rotules pendulaires, assurant le même type de rotation dans le plan vertical, affectionnées par les photographes animaliers. Nous nous bornerons à parler ici des rotules ball et des rotules 3D.
Anatomie d’une rotule
Toute rotule a pour but d’assurer sur le pied statique la mobilité de l’ensemble boitier-objectif pour affiner le cadrage. La fixation de cet ensemble se fait par le boitier ou le collier de pied pour les gros objectifs, de façon à équilibrer le tout sur la rotule. La mobilité de cet ensemble se fait dans 3 plans :
- la mobilité dans l’axe vertical.
- la mobilité dans les 2 axes horizontaux: l’axe horizontal latéral et l’axe horizontal longitudinal. Ces 2 axes sont perpendiculaires.
La rotule est vissée sur le plateau au sommet de la colonne centrale, sa base devient solidaire de cette colonne et toute sa partie supérieure peut tourner et être immobilisée dans la position voulue au moyen d’une molette. Sur les rotule sophistiquées, cette base est graduée (voir photos 3, 5, 6 et 7). Cette construction est commune à tous les modèles de rotules. La construction de la partie supérieure est spécifique à chaque type de rotule.
Les rotules-ball
rotule ball avec plateau rapide et niveau à bulle
Elles ne comportent qu’un seul réglage des mobilités latérale et longitudinale, aussi bien pour le cadrage horizontal que vertical (grâce à l’encoche visible du côté droit sur les photos 1, 4, 5, 6 et 8) . La rotule comporte 2 pièces: la pièce statique, gros cylindre de fonderie dans lequel une alvéole abrite une boule terminée par un axe et une platine sur laquelle se fixe l’appareil. Un système de serrage, plus ou moins sophistiqué, permet le mouvement de cette boule et son immobilisation.
Ces 2 pièces supportent des tensions physiques importantes, dues au poids de l’appareil et surtout au porte à faux qui s’exerce sur elles et des contrainte de friction qui exigent que les matériaux soient d’excellente qualité et l’usinage très soigné. Le système de serrage est particulièrement soumis à l’usure.
Les rotules ball ne supportent pas la médiocrité et ne doivent jamais être sous-calibrées. Dans le cas contraire, elles risquent une rupture rapide qui peut causer des dommages à l’appareil par choc ou même chute. Les rotules ball assurent un réglage rapide, mais qui exige du doigté quand il doit être fin, car il assure en une seule opération le réglage dans les 2 plans horizontaux: latéral et longitudinal. C’est la rotule de terrain type. Elle est compacte et se transporte facilement.
Nota: les rotules ball excentrées de Gitzo facilitent le délicat réglage des ball classiques, particulièrement pour les photos panoramiques.
Les rotules 3D

Elles assurent les 2 réglages, latéral et longitudinal séparément. Un bras muni d’une molette permet de régler l’horizontalité latérale (ou la verticalité) et un second, lui aussi muni d’une molette permet de régler l’horizontalité longitudinale. Ces 2 molettes, souvent montées sur d’assez longues tiges, permettent, grâce à leur bras de levier, un réglage très fin et facile. La contre-partie est l’encombrement. L’autre avantage des 3D est que, par leur construction, les pièces mécaniques supportent moins de contraintes et sont donc moins fragiles. Ce sont d’ailleurs des rotules souvent conçues pour des charges plus grandes, et l’usage intensif en studio.
On en trouve donc moins de modèles et toute les marques n’en proposent pas. Dans la pratique, c’est la rotule qui supporte le plus de contraintes physiques à l’usage. Le soin apporté à son choix est au moins aussi important qu’à celui du pied. Il faut toujours veiller à ce que la charge supportée par la rotule soit supérieure à celle qui vous y mettez réellement. Ce conseil est confirmé par les caractéristiques techniques des kits. Les rotules proposées ont généralement des charges supportées supérieures à celles du pied. Pour une rotule ball, vérifiez avant achat que la boule, chargée de l’ensemble boitier-objectif, est bloquée sans qu’il soit nécessaire de serrer fortement la molette. Dans le cas contraire, le risque de rupture mécanique du fût cylindrique est présent dès l’achat. Quelle que soit la marque.
Quelques produits
Marque Nom Type poids / charge en Kg Hauteur en cm niveau à bulle plateau rapide garantie prix Manfrotto 056 junior 3D 3D 0,5 / 3 10 non non 1 an 42€ 229 super 3D 3D 1,9 / 12 16 oui 3 oui RC0 1 an 189€ 496RC2 ball 0,42 / 6 10 non oui RC2 1 an 69€ MH054M0-Q6 ball 0,7 / 10 12 oui 3 oui Q6 type Arca Swiss 1 an 199€ GITZO G1178M (magnesium) ball 0,4 / 4 9,5 oui oui 1 an 148€ GH3750QR série 3 magnesium ball excentrée 0,79 / 8 13 oui oui 1 an 259€ GH5750QR série 5 ball excentrée 1 / 12 14,2 oui oui 1 an 379€ Benro Rotule ball B0 ball 0,3 / 8 nc oui oui type Arca Swiss 5 ans 93€ Rotule ball B1 ball 0,4 / 12 nc oui oui type Arca Swiss 5 ans 129€ Bilora Perfect Pro II large PPH-L ball 0,79 / 12 11,2 oui 5 ans 74€ Cullman Magnesit MB 2.4 ball 0,35 / 5 9,8 oui oui 10 ans 129€ Siriu C10X noir ball 0,2 / 4 8,8 oui 6 ans 99€ Vangard BBH-100 ball 0,45 / 10 10 oui 2 oui 2 ans 149€
Dernière remarque
On peut sans problème monter une rotule de marque A sur un pied de marque B. De manière générale, on investit autant d’argent, voire plus, dans la rotule que dans le pied. Les cas de dommages d’usure surviennent de façon dominante avec les rotules, pas avec les pieds. On se retrouve donc, encore une fois devant un problème de choix, dans lequel le critère prix devrait passer au second plan, plus encore qu’avec le pied. Quant au choix de type de pied et de rotule, c’est une question de critères personnels, presque de goût. La pratique et son expérience y jouent un rôle crucial. Ne jamais perdre de vue le vieil adage, antérieur à la photographie: « Bon pied, bon œil ! »