Logo_PK_V3d

Le trépied photo

pkb_les_trepieds_img00

Le paysage du trépied photo a beaucoup changé ces dernières années, beaucoup plus celui des boitiers.

L’émergence du numérique a été dans la photographie une révolution. Cette révolution n’a pas concerné que les boitiers et les objectifs. Elle a concerné également les trépieds photos et les rotules. En quoi est-ce que le numérique, évidente révolution, pouvait-elle toucher ces «accessoires» incontournables ? La présence de plus en plus large de l’électronique dans les boitiers et les objectifs n’influe pas sur les trépieds photo, statiques (c’est d’ailleurs leur nom dans certaines langues). Cette révolution est due à la conjonction de plusieurs évolutions :

  • miniaturisation d’une partie importante du parc photo, avec les compacts à un certain moment
  • émergence de la Chine dans le monde industriel
  • banalisation de certains brevets qui protégeaient les constructeurs historiques.

AVANT: deux marques hégémoniques – Manfrotto et pour le top GITZO (fabriqués en Italie et en France, puis en Italie pour les deux marques après le rachat de Gitzo par Manfrotto – et les autres technologiquement assez différentes.

MAINTENANT: des foultitudes de marques, quasiment toutes made in China (quelquefois labelisées RPC), qui proposent des produits se ressemblant beaucoup, autant sur le plan de la technologie que du design et qui offrent un panel de caractéristiques très proches. Au tout début de l’apparition de cette offre, j’ai personnellement cru à des contrefaçons.

 

Anatomie d’un trépied photo

anatomie d'un trépied
anatomie d’un trépied

 

Les caractéristiques techniques

qu’il faut connaitre pour faire son choix sont :

  • le rapport poids/stabilité,
  • les matériaux utilisés,
  • la qualité de construction,
  • l’encombrement,
  • l’aspect pratique,
  • le prix.

 

Le rapport poids/stabilité

La conception d’un trépied photo est une gageure technique, une contradiction insoluble théoriquement. Le but premier d’un pied est d’être stable, plus stable que le bipied humain. Pour cela il faut que les «jambes» ne soient pas trop fines, et ne comptent pas trop de sections, ces deux facteurs affaiblissant rapidement la stabilité du trépied. Donc le pied, pour être stable doit être lourd et avoir des sections de jambes épaisses et longues, donc être encombrant à transporter. Un pied est toujours un compromis.

Seul l’acheteur, c’est à dire vous, décide du bon compromis. Pour cela les fabricants donnent des indications, la principale étant le poids supporté. Pour avoir un pied stable vous devez choisir un poids supporté supérieur à celui que vous mettrez (habituellement) sur le pied. Vous devez savoir également que tout pied est moins stable quand il est utilisé colonne centrale montée. Détail important lié à la taille de l’utilisateur: photographe voûté à la prise de vue = pied stable. Un dernier point pratique qui n’est pas un détail: un crochet, rétractable ou non, en bas de la colonne centrale permet de lester le pied mis en place et de le rendre encore plus stable et beaucoup moins sensible au vent. Mais une absence de crochet peut être compensée par un accrochage au niveau de la pièce d’articulation  des jambes.

 

Les matériaux

Ce sont principalement l’aluminium et la fibre de carbone. Le premier est dominant, relativement léger, vieillissant bien, robuste, très souvent anodisé. Le second est plus léger, plus rigide, mais plus sensible  à l’écrasement; il vieillirait moins bien, et surtout est nettement plus cher. Les autres matériaux utilisés pour les pièces d’articulation sont généralement l’aluminium, plus rarement le magnésium, plus léger, mais beaucoup plus cher, et des matériaux synthétiques, polycarbonate et silicones vieillissant mieux que le caoutchouc naturel. Enfin quelques pièces, rares, en acier. Dans la pratique, tous les matériaux permettant de diminuer le poids tout en conservant la robustesse sont chers.

 

La qualité de construction

Elle découle du point précédent, mais aussi du soin de la conception qui élimine les articulations fragiles, les choix technologiques «cheap» qui pour abaisser les coûts créent des faiblesses – bras plus fins, axes de diamètre trop faible, pièces de frottement non remplaçables… Seul votre jugement, ou le jugement d’un bon vendeur, peut vous servir de garde-fou.

 

L’encombrement

Il découle directement du premier point. Pour qu’un pied soit compact replié, il faut qu’il comporte plus de sections plus courtes. Donc plus de points de serrage, favorables à l’instabilité (et à l’usure), et les deux tubes inférieurs auront un petit diamètre, donc seront mois stables… C’est la quadrature du pied. Là encore, vous seul pouvez faire le choix du compromis qui vous convient.

 

L’aspect pratique

C’est la qualité de la conception du trépied photo. Et là aussi toutes les solutions proposées ne se valent pas.

  • Le serrage de sections de jambes: Deux écoles: les clés qui s’ouvrent et se ferment d’un geste (spécialité Manfrotto à une certaine époque): ultra rapide à l’usage, mais prend de la place, gêne la mise en housse, et demande à être resserré de temps en temps.
  • Les colliers vissants (spécialité historique Gitzo) aucun encombrement, quasi inusable, mais on se trompe souvent de sens de serrage sur le terrain, et personne n’est à labri du syndrome du sens de vissage. Devenu dominant sur le marché.
  • Le système d’ouverture des jambes qui permet au pied d’être au ras du sol. Plus ou moins astucieux, donc facile à mettre en œuvre et solide. Ce n’est pas un détail. C’est aussi lui qui permet la réversibilité des jambes pour le portage et donc la compacité.
  • La colonne centrale avec la rotule se remonte et les jambes se replient autour. Ce système réduit l’encombrement de la hauteur de la rotule, généralement ~15cm.
  • Le niveau à bulle, souvent installé(s) sur la rotule. Séduisant mais insuffisant, car si le pied n’est pas parfaitement d’aplomb, chaque rotation de la rotule exigera un nouveau réglage. Le niveau électronique intégré aux boitiers est très bien aussi, mais il est nettement plus commode de régler l’aplomb du trépied photo sans boitier qu’encombré de celui-ci.

 

Le prix

Le panorama est assez simple et comporte deux catégories :

Les hors concours

GITZO, la Rolls ou le Humvee, du trépied photo, selon vos goûts et vos références. Un must, chouchou des japonais. Matériaux haut de gamme (Gitzo n’utilise pratiquement plus que la fibre de carbone, beaucoup le magnésium), design raffiné, matériel increvable, mais … un monopode GITZO coûte le prix d’un pied chez les concurrents. Manfrotto c’est la Land Rover du trépied photo. Increvable également, très bien conçu. Un placement. La première impression est que (presque) tous les autres ont copié, je ne me prononcerai pas. Les catalogues des deux marques sur internet représentent plus de la moitié des offres… Ne propose qu’un an de garantie, on ne s’en sert jamais vous dira-t-on. Il aurait été élégant de proposer une garantie à vie…

Les autres marques

proposent des matériels très proches que les mauvais esprits qualifieront de copies. Ce ne sont pas des copies serviles qui tomberaient sous le coup des lois, même fabriquées en RPC (China). Et elles proposent également un catalogue beaucoup plus ciblé grand public. Tous sont séduisants, certains d’entre eux sont visiblement de bons outils, d’autres sont plus tendance, sans démériter non plus. Les tarifs sont dans un mouchoir de poche, on se surprend à imaginer la profitabilité de ces produits … de la RPC. Deux exceptions. Cullmann, par les caractéristiques un peu au dessus de la moyenne et ses 10 ans de garantie et Amazon avec un tarif qui fait douter de ses propres connaissances économiques. Le seul défaut de certains de ces produits et leur stabilité avec un ensemble boitier-objectif qui flirte avec les 2 kg.

 

Le travail avec un trépied photo

On considère souvent que l’utilisation d’un pied correspond et se limite au besoin de pose longue. C’est vrai que la pose longue demande un pied, mais ce n’est pas la seule raison. L’autre raison, beaucoup plus universelle, c’est le besoin d’un cadrage soigné. Le temps nécessaire à la mise en place d’un pied ne se justifie que s’il est suivi d’un cadrage «aux petits oignons». Sinon, c’est du gaspillage. Le choix d’un pied/rotule, puis son utilisation sont deux moments d’une pratique cohérente: faire des photos en prenant son temps, de façon réfléchie, posée. On choisit soigneusement le pied pour qu’il corresponde à ses besoins, à ses pratiques photographiques, à son envie … et à son budget. Alors le pied choisi apportera les satisfactions qu’on en attend.

Sur le terrain, on choisit l’endroit où l’on va poser son pied en fonction du cadrage général souhaité, et de la possibilité physique d’y installer le pied. C’est dans ces moments là que celui-ci montre toutes ses possibilités de positionnement haut, bas, angles d’ouverture des jambes, permettant de s’adapter à la majorité des configurations de terrain, jusques et y compris des cas acrobatiques comme 2 jambes (longues) par terre, la 3ème (courte et très ouverte) sur une table ou sur un muret, ou encore dans une voiture, l’appareil positionné vers l’avant, au milieu de l’habitacle, une jambe (à mi-longueur et très ouverte) passant devant le volant, la seconde dans la même position, mais vers la droite, calées toute les deux sur les angles inférieurs du pare brise, et la 3ème jambe passant entre les sièges avant pour se caler au fond de la banquette arrière.

Cette dernière installation prenait 20 à 25 mn de mise en place pour des prises de vue durant chacune entre 2 et 5 mn en roulant sur le boulevard périphérique à Paris, sur de portions bien garnies de publicités lumineuses. Les cas évoqués ici sont des cas extrêmes, mais ce sont justement ces cas extrêmes, où, sans pied, la photo est impossible, mêmes avec les ressources numériques. Car il y a vraiment des choses que même Photoshop ne peut pas faire.

 

Les produits phares

On nous excusera de ne pas tous les présenter ici. Ont été privilégiés des modèles à prix abordables, présentant des caractéristiques sérieuses et pouvant satisfaire la plupart des photographes amateurs et néanmoins exigeants.

MARQUE Modèle poids / charge admise (kg)dimensions H maxi/mini / replié (cm)nombre sections / angles / inversioncolonne reversible/inclinableRotule fournieniveau à bulleaccessoires (sac, pieds métal...)garantie prix
MANFROTTOMK191X3-BH2,4 / 6170 - 5,5 -replié 653simplenonoui non1 an219€
MK290DUA-3W2,6 / 4175 - 5,5 -replié 743 4 angles nonoui - oui nonnon1 an226€
MK293C4-A0RC2 carbone1,6 / 4147,5-37,5-replié 534 2 angles nonsimpleoui non1 an199€
Befree1,3 / 205130-34-replié 324 2 angles ouisimpleouinon1 an 149€
BENROAdventure série 11,94 / 5153-39 - replié 58,54nonnc5 ans189€
Kit MACH 31,8 / 8154-39,5- replié 594oui- nonB1TMA18AB1ouisac - pointes acier
+ colonne courte
5 ans219€
kit MACH 3 carbone1,52 / 8154-39,5- replié 594oui- nonB1TMA18AB1ouisac - pointes acier369€
kit Velocity série 11,64 / 6148,5- 41,5-replié 554 ouioui - ouiFVY18A1HOouisac - pointes acier189€
Adventure Mach 31,75 / 12 164- 38,5- replié 62,5 3sac - pointes acier149€
BILORAColorlux II Noir 1,52 / 6161-19,5- replié 44,54 ouioui- non+monopodeouioui 2sac+ ceinture monopode1 an119€
CULLMANNConcept One 622T1,42 / 5136-23- replié 344 ouiouinc10 ans139€
MeFOTOBackpacker couleur1,2 / 4134-43- replié 325 ouioui-nonrotule ballouinc5 ans147€
Backpacker noir1,2 / 4134-43- replié325 ouioui-nonrotule ballouinc5 ans139€
Road Trip1,6 / 8156- replié 395 ouioui-nonrotule ballouinc5 ans179€
SIRIUkit Ultralight T004X0,9 / 6139-12,5-replié 404oui-nonrotule C10Xnonnc6 ans169€
Amazonbasics1,65 / 4157- ~30- replié 524oui -nonrotule ballouisacnc55€

 

Illustrations

 

Manfrotto 190X3-BH + royule 496RC2 219€
Manfrotto 290DUA-3W +rotule MH804-3W
Manfrotto 290DUA-3W +rotule MH804-3W
Manfrotto befree
Manfrotto Befree
Benro Velocity Série 1
Benro Velocity Série 1
Benro Adventure Série 1
Benro Adventure Série 1
Benro Mach 3 aluminium ou carbone
Benro Mach 3 aluminium ou carbone
Bilora Colorlux II
Bilora Colorlux II
Cullmann Concept One 622T
Cullmann Concept One 622T
Siriu Ultralight T004X
Siriu Ultralight T004X
Amazon basics
Amazon basics

 

Quelques conseils en guise de conclusion. Le point faible principal d’un pied est la partie qui réunit les jambes et la fixation de la colonne centrale. Cette pièce assure le coulissement de la colonne, la fixation et l’articulation des jambes. Cette pièce subit les plus grosses contraintes mécaniques du pied. Elle doit être bien conçue pour être commode, robuste et si possible légère. Prenez très au sérieux le poids maximum de l’ensemble boitier-objectif que vous aurez à utiliser et la capacité de charge supportée par le pied. Prenez une marge. Enfin, pour la stabilité, considérez que plus un pied comporte de sections de jambe, moins il est stable. La contradiction entre compacité d’un pied replié et sa hauteur déplié/stabilité est un problème insoluble. Ce choix sera forcément un compromis. Plus un pied étiré est haut, donc confortable pour les photographes de plus de 1m70, moins il est stable.

Enfin un autre article sera consacré aux rotules.