Il y a quelques semaines, nous avons tenté de comparer les formats en macro-photo : FF ou APS-C ? Dans cet article, nous adoptons la même démarche en ce qui concerne la photo animalière.
D’une manière générale, la photo animalière se pratique de deux manières différentes : soit à l’affût, soit en « billebaude ». L’affût est une pratique statique : le photographe ne bouge pas et attend la venue de sa « proie » à portée de son matériel. La « billebaude », mot que de nombreux dictionnaires ne retiennent pas, est un terme utilisé à l’origine pour la chasse, et qui signifie « sans consigne particulière » (les chasses étaient le plus souvent très codifiées). Par extension, on lui attribue le sens de « en désordre », « dans la confusion ». En pratique, cela signifie que le photographe marche à la rencontre de ses « proies » en transportant son matériel.
Ces deux pratiques imposeront, bien entendu, une méthodologie différente et aussi, très souvent, un matériel différent.
Le matériel pour la chasse animalière à l’affût
Nous passerons volontairement sous silence une partie essentielle et surtout indispensable du matériel nécessaire : abri, camouflage, habillement, accessoires de « confort » (sièges, par exemple). Ce n’est pas, en effet, le but de l’article. Limitons-nous à l’appareil photo et à ses objectifs.
Dans un affût, par définition, on ne bouge pas, on ne transporte pas son matériel (sauf pour l’y apporter). On se fait le plus silencieux possible. Dès lors, que choisir, sachant, bien sûr, que boîtiers et objectifs sont intimement liés ?
Le boîtier
La première qualité d’un boîtier en photo animalière, ce n’est pas son format. Ce n’est pas non plus son poids. C’est son silence de fonctionnement. Les animaux ont généralement une ouïe bien plus fine que celle des humains et ils ont tôt fait de détaler quand ils entendent le moindre bruit suspect. Le « clic » du déclenchement en fait partie, incontestablement !
Nous ne pouvons donc que vous recommander un boîtier très discret de ce point de vue. Fort heureusement, les boîtiers Pentax sont justement connus pour leur discrétion de ce point de vue, même si d’autres marques font aussi preuve de cette même discrétion.
Cela ne résout pas pour autant le « problème » du format. Alors : APS-C ou 24×36 ?
Le format de capteur
Rappelons qu’avec un capteur de type APS-C, un boîtier permet aux objectifs utilisés de cadrer comme le ferait, en FF, un objectif de focale 1,53 fois plus longue (chez Pentax).
C’est bien sûr un avantage non négligeable lorsque l’on ne peut pas approcher le sujet. Et c’est bien le cas, lors d’un affût, puisqu’il faut patienter jusqu’à ce que l’animal soit à portée raisonnable de « clic ». On ne peut pas l’y contraindre, on est soumis à son bon vouloir. Alors, bien évidemment, pouvoir le « shooter » de plus loin peut représenter un avantage décisif.
Attention, toutefois ! Si vous utilisez un boîtier APS-C ou un boîtier FF en mode FF, le champ photographié remplira complètement le viseur. Vous serez donc dans de bonnes conditions pour faire la mise au point, pour autant que la lumière ne manque pas.
En revanche, si vous utilisez un boîtier FF (K-1) en mode APS-C, certes votre objectif « verra » 1.53 fois plus loin que le même en mode FF, MAIS au prix d’une mise au point plus difficile. En effet, votre viseur affichera toujours le champ embrassé en FF, complété du cadre noir limitant la plage APS-C. Ce sera au détriment du confort de visée et donc de mise au point. Et, si l’on manque de lumière, ce point peut devenir crucial.
Les objectifs
Bien sûr, ils seront fonction du boîtier utilisé. Par chance, chez Pentax, les longues focales, celles qui sont les plus utilisées en chasse photo, sont souvent compatibles avec les 2 formats de capteur.
Lors d’un affût en sous-bois, la lumière est souvent faible, notamment aux heures du crépuscule, celles où les animaux sortent le plus souvent. Dans ce cas, l’utilisation des zooms est plus difficile que celle des focales fixes. Sur le plan de la lumière, s’entend ! Parce que, sur le plan du cadrage, ils ont bien entendu des avantages indéniables.
Si votre but est de photographier à l’affût des animaux sauvages de grande taille, un capteur de type 24×36 vous donnera peut-être de meilleures images si vous êtes amenés à « cropper » parce que l’animal était trop loin. À condition, toutefois, que l’objectif soit de qualité. Si le sujet est à distance raisonnable, un capteur APS-C fera parfaitement l’affaire.

Nota : Le DA 560mm F/5.6 ED AW constitue, dans l’absolu, un excellent objectif pour l’animalier (équivalent 860mm sur APS-C). Seuls inconvénients, son poids (plus de 3 kg) et son prix (env. 5 500€).
Le matériel pour la chasse animalière en « billebaude »
Dans ce domaine, où l’on doit souvent marcher des heures durant dans des conditions parfois difficiles, le point crucial est le poids du matériel transporté. Sans parler, ici encore, de tout ce qui est « accessoires » : harnais et sacs, notamment.
Quel format de boîtier en billebaude ?
Si vous disposez des deux types de capteur (APS-C et 24×36), le choix va être cornélien. En effet, vous n’aurez sans doute pas le courage d’emporter 2 boîtiers des formats différents, le cas échéant avec leurs objectifs respectifs. Nous l’avons dit plus haut : chez Pentax, les longues focales utilisées sont souvent compatibles dans les 2 formats, au moins partiellement. Ceci n’est pas obligatoirement vrai chez tous les constructeurs.
Dès lors, le choix de l’APS-C s’impose assez nettement si la question du poids est cruciale pour vous. Ce n’est cependant pas une obligation si vous bénéficiez d’un « sherpa » disposé à transporter une partie de votre matériel. Vous le savez : les boîtiers et objectifs de type « FF » sont souvent plus volumineux et plus lourds que leurs homologues pour APS-C. Mais bien entendu, si vous avez le gabarit et l’endurance d’un 3ème ligne de rugby, avec la souplesse et l’agilité d’un danseur classique, cela vous fera peut-être préférer le format FF avec tous ses avantages.
Les objectifs
Ils ne sont pas différents de ceux utilisés en affût, sauf bien sûr si vous tenez à alléger votre équipement.

Nota : Plus modeste que le DA 560 en termes de poids et de prix, le DA * 300mm n’en constitue pas moins une excellente solution pour l’animalier en billebaude.
Et finalement, quel format choisir ?
Nous ne pouvons pas faire le choix à votre place… en supposant que vous ayez le choix !
Les avantages de l’APS-C :
- légèreté
- plus grande profondeur de champ
- objectifs moins chers et moins lourds (pour certaines marques)
- utilisation de la meilleure partie (le centre) de ces objectifs
- coefficient de conversion plus favorable (en encore accentué avec utilisation d’un convertisseur, au prix d’une perte de diaphragme),
peuvent très bien s’effacer devant
Les avantages du format 24×36 :
- meilleure dynamique
- meilleure performance dans les hautes sensibilités
- meilleur bokeh
Le choix selon la pratique
Votre choix éventuel sera donc fonction de votre pratique personnelle. Si vous pratiquez l’affût, l’utilisation concomitante des 2 formats n’a que des avantages, ou presque. En effet, si vous possédez deux longues focales, vous pouvez en monter une sur chacun des boîtiers et tirer tous les avantages de cette variété. N’oubliez cependant pas que, si vous êtes seul, vous ne pourrez pas déclencher sur 2 boîtiers au même moment, sauf conditions particulières. Ce sera encore plus difficile si leurs réglages sont différents (distance de mise au point, ouverture, etc.).
En revanche, sauf pour le transport vers le lieu de l’affût, le poids ne sera pas un inconvénient.
Un point essentiel doit quand même être souligné : la photo animalière impose souvent, en affût, l’utilisation de trépieds. Si vous utilisez 2 boîtiers de formats différents, il vous faudra aussi 2 trépieds, ce qui peut s’avérer problématique dans un affût exigu ! Attention à ne pas vous prendre les pieds dans leurs jambes !
Si vous faites de la photo animalière en billebaude, le format APS-C, essentiellement en raison de sa plus grande légèreté, semble l’emporter nettement. Cette légèreté, on le rappelle, n’intéresse pas que le boîtier lui-même ! Les objectifs sont également concernés, et dans de plus grandes proportions.
Le coefficient de conversion est aussi un avantage considérable : un 300mm cadrera (sur APS-C4 Pentax) comme un 460mm sur FF : la différence n’est pas négligeable.
Ceux qui possèdent un boîtier autorisant les 2 formats (par exemple, chez Pentax, le K-1) n’ont que des avantages à tirer de leur utilisation, même si la définition sera moindre en mode APS-C. Avec cependant la réserve émise plus haut : ce que l’on voit du champ photographié remplit entièrement le viseur en FF, une partie seulement de celui-ci en APS-C, rendant parfois la mise au point moins précise. Mais la souplesse de cette utilisation doit être soulignée.
Galerie
Crédit photo : Micaz (Cliquez sur les images pour les agrandir)


