Le test du Pentax D FA 24-70 f/2.8 a été effectuée avec un K-1 mk II - English version
Cet objectif Pentax D FA 24-70 f/2.8 avait déjà fait l’objet d’un test en mai 2016. Notre méthodologie d’évaluation des objectifs et notre système de notation ayant évolué, un nouveau test était devenu nécessaire.
Un objectif de range 24-70 en ouverture f/2.8 est devenu au fil des années le zoom standard que tout constructeur doit avoir à son catalogue. Il fait partie de cette trinité f/2.8 obligatoire, avec le 15-30 et le 70-200, où toute absence est considérée comme une faute par certains experts. C’est donc naturellement que Ricoh Imaging a proposé ce D FA 24-70 f/2.8 fin 2015, peu avant la sortie du K-1.
Présentation de l’objectif Pentax D FA 24-70 f/2.8 HD ED SDM WR
Avant-propos
Le Pentax D FA 24-70 f/2.8 est d’origine Tamron, cela ne fait aucun doute. Il partage avec lui ses principales caractéristiques comme la formule optique, le nombre de lentilles et le « look and feel ». Néanmoins, il en diffère sur un certain nombre de points. Ce n’est pas un simple « rebadgeage », comme cela a pu être dit :
- Les lentilles sont d’origine Hoya haut de gamme, ce qui n’est pas le cas du Tamron.
- Le traitement des verres est le traitement HD de Pentax.
- Le moteur SDM est d’origine Ricoh.
- Il possède la fonction Quickshift propre à Pentax.
C’est très certainement des raisons de temps et d’économie qui ont conduit RicohImaging à cette solution d’achat du couple formule optique/design. On peut toujours discuter de cette façon de pratiquer, mais si l’objectif est de qualité et que le tarif reste raisonnable, pourquoi pas ? La version 24-70/2.8 de Tamron étant considérée par de nombreux spécialistes, comme l’une des meilleures de sa catégorie, il ne s’agit pas d’un mauvais choix.
Généralités
Avec son poids de 0,8 kg, ce D FA 24-70 f/2.8 semblent un peu massif. Mais est-il possible de faire mieux quand il y a 17 lentilles en verre et un moteur ? Difficile, à moins de rogner sur la qualité de construction (comme avec le D FA 28-105 dont les résultats sont inférieurs). L’appréhension des utilisateurs vis-à-vis du poids du couple qu’il va former avec le K-1 (1,8 kg) peut s’entendre. Mais l’ensemble K-1 et D FA 24-70 est très bien équilibré et le poids ne se ressent pas autant que l’on pouvait le craindre. Si le poids continue à faire peur, envisager d’autres solutions de portage que la courroie de cou traditionnelle semble nécessaire. Comme la poignée ou la courroie d’épaule.
La plage couverte par cet objectif va du 24 au 70 mm en FF (36 à 107 mm sur un APS-C). Soit de l’ultra grand-angle (UGA) au petit téléobjectif. Une gageure optique surtout que son ouverture maximale à f/2.8 est constante sur toute la longueur de focale. La distance minimale de mise au point est de 0,38 m, ce qui permettra d’approcher d’assez près les cibles.
Il est doté de la fonctionnalité Quick-Shift permettant d’affiner la mise au point de manière manuelle, après mémorisation de l’AF.
Pour les filtres (UV, Polarisant et autres ND), le diamètre est de 82 mm. Ce qui a un impact sur la facture lors de l’achat de ce type d’accessoires.
Il est livré avec un sac de rangement et un pare-soleil en forme de pétale. Attention, ce pare-soleil étant celui de Tamron non modifié ; il n’est pas équipé de la trappe permettant la rotation d’un filtre polarisant. Même si la forme permet une manipulation du filtre, c’est dommage, car il s’agit là d’un vrai plus.
Prise en main
Un point fâcheux, le D FA 24-70 f/2.8 a un côté plastique qui donne une apparence de moyenne gamme. Ce n’est pas catastrophique puisque la tenue est supérieure à celle du DA 16-85, mais c’est un peu en retrait des productions purement Pentax.
La bague du zoom est suffisamment large pour ne pas ressentir de gêne lors des rotations (environ 70° de tour). Elle semble un peu dure au début, mais on s’y habitue rapidement. Le mouvement de rotation s’effectue sans à-coup. Par contre, la bague de mise au point n’est pas assez large pour certains types de mains. Avec 8 mm, certains doigts un peu gros ne seront pas à l’aise. Quelques millimètres de plus n’auraient pas été du luxe. Elle tourne « sans fin », il n’y a pas d’arrêt.
Les bagues sont revêtues d’une matière type caoutchouc et sont dotées de petits picots assez agréables au toucher. Ils permettent de mieux tenir la bague et éviter d’y glisser.
On appréciera le loquet permettant de maintenir l’objectif en position fermé. Son positionnement en haut, à droite est plutôt inhabituel. Un héritage de Tamron qui permettra d’éviter de le bloquer/débloquer par inadvertance. Un coup de main à prendre, mais finalement une ergonomie qui me semble plus intéressante.
L’objectif est doté d’un indicateur de distance, allant de 0,38 m (distance minimale de mise au point) à l’infini.
Caractéristique intéressante, le pas du filtre (là où se bloque le pare-soleil), est indépendant du bloc lentille. Cela a pour conséquence de rendre l’utilisation de filtres polarisants ou gradués beaucoup plus simple et rapide. Ceux-ci ne tourneront pas lors de l’utilisation du zoom et de la mise au point. Passer de 24 à 70 ne nécessitera donc pas une retouche du polarisant.
Prise en main et ergonomie : 7
Le D FA 24-70 f/2.8 côté technique
Formule optique

Cette formule est complexe, avec 17 lentilles, dont 4 de type asphérique. Pour rappel, une lentille asphérique est une lentille dont la forme est proche d’une sphère sans être strictement sphérique. Son intérêt réside dans l’amélioration des performances optiques en périphérie de l’image. Autant d’éléments de ce type laissent supposer 2 choses :
- Qu’il est compliqué de concevoir un zoom qui soit à la fois UGA (avec la focale à 24 mm) et petit télé (avec la focale à 70 mm). C’est tout de même un grand écart qui apporte des contraintes non négligeables. Surtout quand l’ouverture est constante et grande (f/2.8).
- Qu’obtenir une image homogène sur toute la surface, du centre-champ au bord-champ, est le but recherché.
Deux points qu’il conviendra de vérifier lors des tests.
La construction comporte également 3 verres ED (à faible dispersion) afin de réduire les aberrations chromatiques et augmenter la netteté et le rendu des couleurs.
Si la mise au point est interne, le passage de la focale 24 à la focale 70 mm s’effectuera par un allongement physique du zoom.
Le diaphragme est composé de 9 lamelles. De f/2.8 à f/5.6, sa forme reste relativement arrondie. Au-delà, la forme n’est plus vraiment ronde. Il est contrôlé automatiquement depuis le boîtier (pas de contrôle manuel possible via une bague).
La monture est de type KAF3, mais est compatible KAF2.
Qualité de construction
Sa construction, à base de polycarbonate, est très résistante. Depuis sa sortie, de nombreux exemplaires ont été vendus puisqu’environ 1 acheteur sur 2 de K-1 (mk I et mk II) est possesseur de ce zoom. Le taux de retour est très faible et résulte plus de problématiques liées à des chutes provoquant des décentrements ou des casses de lentilles (surtout frontales).
La motorisation proposée est de type SDM. On appréciera le silence lors de la mise au point. Celle-ci est rapide, même dans le suivi de sujets se déplaçant. Bien que cela soit difficile à quantifier sans outillage dédié, il plus rapide que le moteur du DFA 150-450 ou celui du DA★ 16-50 (pour ce dernier, ce n’était pas compliqué). Il me semble néanmoins moins rapide que les récents D FA★ 50 et D FA★ 85. Entretemps, les moteurs ont fait des progrès il est vrai.

L’objectif est tropicalisé avec le label WR (Weather Resistant), ce qui veut dire qu’il est doté de joints lui permettant de résister aux poussières et à l’eau. Bien que ce label soit inférieur au label AW, l’utiliser dans des milieux difficiles, comme à la montagne ou à la mer ne posera pas de problèmes. À l’usage et avec le recul, on peut dire que la tropicalisation est efficace. Attention, résister à l’eau ne veut pas dire rendre étanche. Une utilisation sous-marine est à proscrire. Par contre, si le boîtier et l’objectif tombaient par inadvertance dans l’eau et qu’ils étaient récupérés aussitôt, ils devraient survivre (expérience vécue pour certains).
Construction & Finition : 6
Spécifications (techniques) : 10
Côté optique
PENtaxKlub ne disposant pas de laboratoire, nos tests ne sont pas mesurés par des outils. Nous souhaitons apporter un point de vue utilisateur et essentiellement photographique. Nos commentaires et note technique sont le fruit d’une analyse visuelle.
À noter que pour tout objectif, même le meilleur, il est toujours possible d’obtenir des imperfections visuelles (et plus particulièrement avec les AC et le flare), quelles que soient la focale et/ou l’ouverture.
Images de test
Toutes les photos utilisées pour les tests ont été prises en RAW (PEF ou DNG) et, sauf mention explicite, n’ont pas été développées (brut capteur) ou retouchées.
Aberrations chromatiques et flare
Tout objectif est susceptible de produire des aberrations chromatiques (AC) et du flare.
Les AC apparaissent sous forme d’une frange violette, désagréable à l’œil. Elles se forment quand les 3 couleurs de la lumière blanche (Rouge, Vert et Bleu) traversent une lentille, se séparent et ne se rejoignent pas au bon endroit pour produire une image nette. Le flare se manifeste dans certaines conditions de lumière, comme, par exemple, quand le soleil envoie ses rayons en biais sur l’objectif.
C’est pourquoi nous préférons juger un objectif dans des situations d’images courantes et non exceptionnelles.
Les AC sont présentes entre 24 et 50 mm et à pleine ouverture. Dès qu’on ferme d’un IL, voire 2 selon les circonstances, les AC disparaissent. Par contre, même présentes, elles ne provoquent pas de gêne particulière. En fait, il faut aller les chercher pour les trouver. Au-delà de 50 mm, l’objectif n’est pas affecté par le phénomène.
En usage courant, la résistance au flare semble très bonne même si on peut en provoquer, surtout en deçà de 35 mm. L’utilisation du pare-soleil reste malgré tout conseillée, que ce soit en extérieur comme en intérieur, de jour comme de nuit.
Vignettage
À f/2.8, on note un vignettage visible dans les coins, sur toute la plage de focale. Certaines conditions peuvent diminuer l’effet visuel tandis que d’autres, ciel clair et lumineux essentiellement, l’accentueront. Ce vignettage s’atténue à f/4, avant de disparaître à f/5.6.
Distorsions
Un double phénomène pour cet objectif. À 24 mm, la distorsion est de type barillet. Bien que visible à l’œil nu en regardant attentivement, elle reste très faible. Vers 35 mm environ, la distorsion s’inverse et devient de type coussinet, jusqu’à la fin du range. Là encore, elle reste faible.
Ce serait gênant s’il n’était pas possible de corriger, soit lors de la prise de vue en JPEG (activation de la fonction de correction), soit en Post-Traitement en cas de prise de vue en RAW. Ce problème est vraiment lié à la nature même de cet objectif qui commence sa course en étant un UGA. Il est quasiment impossible d’être parfait sur toute la longueur.
Dans l’ensemble, il s’agit d’une bonne surprise pour ce type de zoom. Cela démontre une qualité de conception et de construction où les lentilles asphériques jouent un rôle très important.
L’ouverture n’a aucune influence sur la distorsion constatée.
Homogénéité et netteté de l’image
À f/2.8, l’homogénéité entre le centre-champ et le bord champ est déjà bonne, ceci sur toute la plage de focale proposée, même si la netteté n’est pas parfaite. L’utilisateur n’aura pas de mauvaise surprise, ce qui est une bonne chose. En fermant d’un IL, cette homogénéité devient excellente et le reste jusqu’à f/11. Entre f/11 et f/16, un ramollissement de l’image s’installe petit à petit, avant de devenir omniprésent au-delà de f/16. Comme souvent, l’ouverture f/22 n’est pas conseillée, sauf en cas de nécessité.
Si on s’intéresse à la netteté autour du point où l’on fait le focus, à f/2.8, le résultat est plutôt moyen… Si le sujet est éloigné. Car si le sujet est proche, le résultat est nettement meilleur. Néanmoins, on peut constater qu’entre 24 et 26 mm, l’image manque de piqué. Après 26 mm, ce phénomène s’estompe et la netteté s’améliore nettement.
Ce n’est pas préoccupant, mais cela confirme que ce 24-70 f/2.8 est moins bon à la petite focale. À noter que l’autre extrémité du range ne semble pas subir le phénomène de manière identique.
Bokeh
À 24 mm et à pleine ouverture, le bokeh est illusoire pour peu qu’on soit assez loin de la cible. Dans la série de clichés ci-dessous, on distingue nettement le bâtiment qui se trouve à une quinzaine de mètres derrière la bouteille. Les détails sont présents. Certains seront déçus de constater qu’à f/2.8, l’arrière plan soit si présent. C’est essentiellement lié à cette basse focale de type UGA et à la distance de la cible. Pour peu qu’on s’en approche, la sensation change… un peu.
À partir de 40 mm environ, le bokeh devient plus agréable pour devenir très intéressant après 60 mm. À 70 mm, il est excellent, pour un zoom. Il est sans à coup, les transitions se faisant dans la douceur. Même à f/5.6, le flou d’arrière plan reste apparent.
Qualité image (homogénéité, netteté et distorsion) : 32
Qualité optique (AC, flare, vignettage) : 31
Les petits défauts rencontrés existent, mais ne sont pas problématiques. Vignettage, AC et distorsions peuvent être corrigés sans problème à l’aide des outils adéquats.
Sur un APS-C
Bien que prévu pour un Plein Format, cet objectif est évidemment utilisable sur un APS-C où il offrira un champ focal différent, allant de 36 à 107 mm. Les AC sont tout aussi présentes, à l’instar de la distorsion. Par contre, le vignettage n’est plus visible à f/2.8, ce qui est normal, le cadre optique de l’APS-C étant plus petit. L’homogénéité à f/2.8 est également en amélioration, pour la même raison. Le bokeh à f/2.8 semble plus proche de celui offert à f/4 sur un FF.
Tarif et Concurrence
À ce jour, ce DFA 24-70 f/2.8 n’a pas concurrence externe. Une situation qui ne risque pas de changer, Tamron et Sigma ne produisant plus (ou presque plus) d’objectif en monture K. On pourrait évoquer l’éventuelle concurrence interne avec le D FA 28-105 f/3.5-5.6. Mais le range n’est pas le même ni la plage d’ouverture. Quant à la qualité optique, elle est moindre sur ce dernier.
En occasion, on trouvera principalement les 28-75 f/2.8 de Tamron, 24-70 f/2.8 DG Macro EX et 28-70 f/2.8 EX de Sigma. Il existe également d’autres objectifs anciens, à mise au point manuelle essentiellement.
1299 €, un prix qui peut paraître excessif pour les acheteurs. Mais si on compare à ce qui se pratique chez Canon ou Nikon, clairement cela ne l’est pas. Il y en a certains qui voudraient comparer les optiques constructeurs par rapport aux opticiens indépendants. Dans ce cas, il conviendra aussi de comparer la cherté des objectifs Canon/Nikon/Sony par rapport à ces mêmes opticiens indépendants. Le Pentax est plus cher que ses cousins produits par Tamron pour les autres marques (différence de 300 € environ). C’est sans doute le prix à payer pour un marché plus petit et surtout un objectif construit selon des spécifications et un cahier des charges Pentax.
Conclusion
Cet objectif est à l’aise dans des pratiques très diverses, portrait en studio inclus. À ce titre, c’est le compagnon idéal pour les acheteurs FF en quête de hautes performances. Même si on n’atteint pas le haut niveau d’excellence, les images produites sont de grande qualité. Il sera difficile de faire mieux. Ou alors à un tarif nettement plus élevé si un D FA★ 24-70 f/2.8 était un jour proposé. Un compromis exceptionnel qui va dans le sens du photographe.
Il s’agit là DU zoom indispensable qu’il faut avoir avec soi.
Ce qui est bien | Ce qui est moins bien |
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Note
Prise en main et ergonomie | 7 | Prise en main excellente malgré un aspect un peu « cheap » Coté ergonomie, la bague de mise au point pas assez large peut poser un problème et fait perdre 1 point |
Construction et finition | 6 | Bonne construction |
Spécifications (technique) | 10 | Ouverture constante à f/2.8 sur toute la plage du zoom, tropicalisé et moteur SDM, que demander de plus ? |
Qualité image (homogénéité, netteté et distorsion) | 32 | Distorsion barillet entre 24 et 35 mm environ, puis de type coussinet jusqu’à 70 mm, mais qui se corrige facilement Une homogénéité et une netteté correcte à PO pour ce type de zoom, qui devient très bonne, voire excellente, en fermant à f/4 Très bonne restitution des couleurs |
Qualité optique (AC, flare, vignettage) | 31 | Une résistance aux AC un peu faible à pleine ouverture et dans la plage de focale 24-35mm, la plage la plus « problématique » de ce zoom |
Note globale | 86/100 |
Galerie
Les photos de la galerie peuvent avoir fait l’objet d’un développement.
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